Black Book, Paul Verhoeven, 2006


Au sein de son magnifique Black Book, Paul Verhoeven se permet un clin d'œil malicieux à sa propre carrière de contrebandier à Hollywood. Dans cette scène la femme juive interprétée par Carice Van Houten est cachée par une famille catholique dont le père l'oblige à prier avant le repas.
Il y a dans ce sourire de façade et le barbouillage qui suit toute l'insolence de Verhoeven lorsqu'il détourne ce qui devaient être des actionners bourrins pour en faire des brûlots, au nez et à la barbe des studios (Robocop, Starship Troopers)

Mais si Black Book est une oeuvre encore supérieure à ces dernières, c'est justement parce que Verhoeven abandonne ici l'outrance et l'ironie pour une oeuvre historique de facture plus classique, mais grandie par son talent inné de narrateur, et son refus du manichéisme.

Verhoeven s'y montre tout à fait à l'aise en empruntant à tous les genres, du film d'espionnage hitchcockien, à la romance impossible, le tout relevé par son sens inné de l'ambiguité.

C'est dans sa séquence finale, en écho à une des premières, que le film gagne à mon sens son statut de chef d'œuvre, Verhoeven nous donnant ni plus ni moins que sa vision d'un résumé du XXème siècle : une femme courant sous les bombes.