"En 1900, en Australie, les élèves d'une école privée pour jeunes filles partent en pique-nique au pied d'un immense rocher ayant été un lieu de culte aborigène", nous dit Wikipedia.
Oh mais qu'il est bizarre ce film de Peter Weird ( hahaha ).
Non mais au-delà de la blague, oui c'est un film étrange et énigmatique.
Le film annonce d'emblée cette étrangeté. On pense à l'oeuvre future de Lynch lorsqu'une des filles allongée lascivement, déclame "What we see or what we seem are but a dream, a dream within a dream".
Nous sommes dans une ambiance ouatée, et Peter Weir n'hésite pas à souligner la candeur et la pureté de ces jeunes filles, toujours sur le fil du rasoir, à la limite du kitsch (Lynch encore?). Il a beau évoquer l'éveil de la sexualité chez les filles, tout est délicat et subtil. Et pourtant Weir utilise des procédés de cinéma bis : une photographie cotonneuse, des ralentis et une musique toujours à la limite de la mièvrerie.
Et puis il y a ce rocher. La mise en scène en fait un lieu mythique, un véritable personnage du film, inquiétant et "vivant". Là aussi, la mise en scène surprend en puisant dans une grammaire plutôt réservée au cinéma d'horreur : effets sonores extradiégétiques stridents et zooms rappellent Dario Argento.
Argento again! Enfin il me semble
Via les aller-retour entre les deux lieux : le pensionnat et "hanging rock", la mise en scène de Peter Weir délimite deux mondes qui s'opposent. Au premier abord évidemment, le rocher (avec son nom qui évoque la pendaison), est un lieu effrayant et dangereux. Pourtant, les filles y paraissent apaisées et libres.
Au fur et à mesure que le film avance, c'est le pensionnat qui montre son vrai visage : un lieu dans lequel toute tentative d'épanouissement est réprimée, un cocon surprotecteur essayant de bloquer ces filles dans le monde de l'enfance.
Le film oppose ces deux mondes, l'un rigide comme un corset, l'autre dans lequel les filles marchent pieds nus, s'étendent lascivement et se baignent sous le regard gourmand de jeunes garçons éperdus. En liant ainsi le danger et la mort avec la sortie de l'enfance, le film m'évoque Suspiria ( et probablement la plupart des giallo, mais je ne connais que peu ce genre )
Bon, ok, la symbolique est par moments un peu appuyée... Mais c'est beau!
Autant le dire : le film restera énigmatique, et c'est ce qui le rend passionnant, tant les différentes pistes qu'il ouvre sont intéressantes.
C'est un hybride étrange que voilà : c'est un peu la délicatesse et la pudeur d'un James Ivory (j'ai pensé aux Vestiges du Jour, j'ignore pourquoi!) et les effets baroques d'un Argento cohabitant dans un même film cohérent, il y a de quoi être surpris.
Et pour finir, ceux qui ont aimé le premier film de Sofia Coppola, Virgin Suicides, devraient vraiment jeter un oeil à celui-ci, tant il m'en paraît extrêmement inspiré.