L'année 2016

C'est le moment de faire un point sur les films sortis en 2016, et établir un petit "top", parce qu'il faut bien rigoler un peu et, si possible, polémiquer.
Précisons que je n'ai vu que 28 films sortis cette année (contre 48 films l'an dernier). On en tiendra compte pour évaluer l'amour que je porte aux films classés dans les dernières places du top 10...

1. Rester Vertical, Alain Guiraudie

Mississipi? Non, Marais Poitevin
 
Guiraudie continue, en toute modestie, d'inventer un cinéma libertaire et libre, de relier le réalisme le plus terre-à-terre au lyrisme le plus fou, d'y injecter de la mythologie, d'habiter les paysages français d'une vraie force, de faire souffler le vent sur les causses, de faire hurler le loup. Le tout avec humour. Le cinéma français a décidément bien besoin de lui.


2. Elle, Paul Verhoeven.

L'autre bonne nouvelle pour le cinéma français cette année, c'était que ce dernier produisait la dernière œuvre de Paul Verhoeven. L'alliance perverse avec Isabelle Huppert fournissait un film incroyablement dense, libertaire et ambigu, qui amenait à la réflexion tout en jouant malicieusement avec les genres. J'en avais parlé ici!


3. Mademoiselle, Park Chan-Wook

J'en ai aussi déjà parlé ici!

4. Au fin fond de la fournaise (Into the Inferno), Werner Herzog.


Lorsqu' Herzog filme un documentaire sur les volcans, c'est l'humanité et son rapport à la nature qu'il filme. Naviguant pépère entre la science (incarnée par le vulcanologue réjoui qui l'accompagne) et le mythe, il s'attarde sans contrainte sur tout ce qui lui semble intéressant, qu'il s'agisse de la récupération de l'impact mythique d'un volcan par le régime en Corée du Nord, ou la découverte de fossiles humains qui se change en jeu d'enfant sous sa caméra ludique. Merveilleux documentaire!

5. Julieta, Pedro Almodovar.

En toute générosité, Pedro paye son ellipse.
 
Julieta est ample et romanesque. Almodovar se montre toujours aussi à l'aise dans la narration et tricote son drame sur la nocivité du secret avec intelligence et un panache discret mais bien réel. L'inventivité de la mise en scène offre de belles fulgurances : une scène d'amour dans un train, jouant sur la transparence, le reflet et le mouvement, d'une grande beauté. Et la plus belle ellipse de l'année avec un procédé tout simple et astucieux.

6. Les 8 Salopards, Quentin Tarantino.

Je n'avais pas boudé mon plaisir

7. The Strangers, Na Hong-Jin.

 Promenons-nous dans les bois

Comme souvent, un des films les plus fous de l'année vient de Corée du Sud. Son auteur tisse une intrigue quasi incompréhensible mais maintient captif et impliqué le spectateur en travaillant les motifs de la possession et de la xénophobie avec une intensité toute charnelle. Très intense et fiévreux!


8. The Big Short, Adam McKay.

J'en avais déjà parlé ici

9. Personal Shopper, Olivier Assayas.

Teasing

J'aime beaucoup les films de fantômes! Dans celui-ci Assayas est très surprenant en jouant sur plusieurs degrés de lecture, à la manière d'un Kyoshi Kurosawa. Il s'agit avant tout de parler de deuil, mais Assayas ne s'abstient pas pour autant de traiter le genre lui-même de manière frontale. 
L'intelligence du film réside dans sa manière de faire s'entrechoquer nos peurs ancestrales avec la technologie : les meilleurs films d'horreurs récents l'ont compris, pour faire frissonner en 2016, il faut y intégrer nos smartphones ou google maps (dans l'excellent "Le Pacte") au lieu de les considérer comme des ennemis du genre.
Reste aussi une belle réflexion sur le deuil, l'absence, et notre solitude. 

10. Anomalisa, Charlie Kaufman.

Sommes-nous des marionettes?
 
Toujours cette phobie chez Charlie Kaufman de l'uniformité, et l'amour en remède illusoire.
La rencontre amoureuse était ici si belle! J'avais écrit ça sur Vodkaster : http://www.vodkaster.com/films/anomalisa/1297877#viking


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