Drôle de monstre que ce film commandité par Hasbro en partenariat avec Burger King pour lancer une gamme de jouets, que Spielberg refile à Joe Dante (il devait sentir le plan casse-gueule) à la fin des années 90.
Avec de tels commanditaires, les problèmes de production sont nombreux, de multiples censures ont été faites pour obtenir le classement PG-13, les producteurs essaient de contrôler le tournage et Joe Dante a dû énormément improviser pour garder son film sur les rails tout en concédant le moins possible.
Pour moi le film est une réussite totale de satyre, un "inside job" de dynamitage du projet d'Hasbro sans avoir l'air d'y toucher, et sous le nez de ses représentants, trop occupés à censurer la violence du film pour se rendre compte de la partie plus subversive, plus cachée du projet.
"Heartland Play Systems, a Division of Globotech"
Le film s'ouvre sur une géniale fausse-pub à la Verhoeven, dans laquelle la firme de défense Globotech nous explique le plus simplement du monde que la technologie militaire qu'elle développe sera également destinée désormais à fournir les foyers américains en produits de consommation courante (un superbe fondu enchaîné entre un char d'assaut et une famille épanouie s'offrant des cadeaux! Superbe). Sur une musique militaire, un hélico survole une usine de jouets dont l'enseigne est en train d'être changée : "une filiale Globotech".
En bonus, l'excellent David Cross, vu aussi dans Arrested Development
La scène suivante nous présente deux concepteurs de jouets aux projets opposés. Un nerd un peu candide (projection de Joe Dante dans le film? "Real world sucks", dit-il dans une des premières scènes) présente les Gorgonites, un peuple imaginaire auquel il a inventé tout un background. Son collègue, lui, qui semble tout aussi loser mais qui semble beaucoup plus attiré par la réussite, présente une bande de GI musclés emmenée par le colonel Chip Hazard.
L'implantation de puces militaires dans ces jouets va leur fournir une intelligence et une capacité à apprendre, qui va dépasser leurs concepteurs... C'est le début d'une guerre entre les Gorgonites et les GI, à laquelle vont être mêlés le jeune Alan Abernathy et sa voisine Christy.
Quelques Gorgonites (pas le chat hein? Le chat c'est juste un chat)
Il est intéressant de voir que les jouets en eux-mêmes, en tant qu'objets, n'intéressent pas vraiment les personnages du film, surtout tant qu'ils sont limités à quelques phrases qu'ils répètent inlassablement (certainement comme ceux de la vraie gamme de jouets!). Ce n'est que lorsqu'ils deviennent animés par l'imagination de Joe Dante qu'ils deviennent intéressants. Comme un gamin prêterait sa voix à des figurines, Dante donne au major Chip la voix de Tommy Lee Jones et des répliques dignes du Maître de Guerre, ridiculisant d'emblée le va-t-en guerre patriotique.
Géniale séquence où Kirsten Dunst est attaquée par ses poupées sur fond de Led Zeppelin
Dante a choisi son camp! Entre les rambos de pacotille et le peuple Gorgonite, composé de freaks dysfonctionnels et pacifiques, il n'y a pas photo. Le film devient véritablement jubilatoire lorsqu'il se livre aux plus violentes des mutilations sur les soldats (démembrements, brûlures....). Jusqu'à une scène hilarante où la jeune Christy incarnée par Kirsten Dunst se livre à un massacre de poupées Barbie à la tondeuse à gazon, un grand sourire aux lèvres! Le doigt d'honneur à Hasbro, Joe Dante l'a joliment emballé dans un chouette film à grand spectacle (les effets spéciaux "en dur" ont superbement bien vieilli), plein d'action et d'humour.
Car l'idée qui reste du film à son terme, c'est que ce sont moins les objets qui sont importants que l'imagination de celui qui joue! Et suite à une ultime bataille ayant mis en flammes le jardin de la famille d'Alan et détruit une partie de la maison, le représentant de Globotech contemplant le désastre aura cette superbe phrase : "Too bad, this would have made a hell of a commercial"(Dommage, ça aurait fait une sacrée pub)... Derrière sa caméra, Joe Dante se marre, et moi aussi!
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