Creep, Patrick Brice, 2014



Jolie surprise que ce petit film, que j'ai regardé par hasard en croyant qu'il s'agissait du premier film (homonyme) de Christopher Smith.

Le film se présente d'emblée comme un found-footage : un homme se filme alors qu'il se rend dans les montagnes après avoir accepté un mystérieux job de vidéaste pour une journée. Il fait alors la connaissance de Josef, son employeur, enthousiaste et étrange, qui lui révèle la vraie nature de sa mission. Josef est malade et n'a que quelques mois à vivre. Il souhaite qu'Aaron le filme pour laisser un témoignage à son enfant à naître...


La première force du film est son écriture redoutable : elle maintient le spectateur dans une intrigue minimaliste à l'aide de détails réalistes, et apporte par petites touches de nouvelles facettes du fascinant personnage de Josef, interprété de très belle manière par un certain Mark Duplass. L'acteur occupe le cadre pendant l'écrasante majorité du film et est capable, sans en faire des caisses, de teinter son espèce d'enthousiasme exagéré (il court en permanence et arbore un sourire franc), d'une inquiétante perversité. Le jeu avec le ridicule le rend aussi souvent assez drôle, mais toujours avec un certain malaise.

Le sympathique Josef

C'est avec habileté que le film fait franchir au spectateur plusieurs frontières : de prime abord, le malaise naît surtout de la bizarrerie de la situation. Comme Aaron le vidéaste, on est touché par ce qui arrive à Josef, ce qui lui permet de nous entraîner plus facilement sans des séquences pour le moins étranges : comme celle du bain, qui déplace toute l'attention sur la personnalité de Josef. Est-il seulement un peu original? Troublé par sa mort prochaine? Drogué? Ou complètement cintré?

D'un point de vue de la mise en scène, il est évident que si le procédé du found-footage apporte son lot de frissons, il est toujours difficile de s'y tenir de manière rigoureuse sans faire sortir le spectateur du film à cause de son manque de crédibilité ("Pourquoi filme-t-on ça?"). Ici le film se tire plutôt bien de cette embûche (pas toujours), et créée tout de même quelques beaux plans construits (comme celui de l'affiche).

Il faut souligner aussi la jolie manière qu'a le film de rebondir dans sa dernière partie, et de changer de genre pour en adopter un rarement associé au found-footage : le home-invasion, avec quelques jolies idées.

Pas mal du tout.


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