Ca fait un moment que je n'ai pas eu le temps d'écrire un papier un peu long sur un film, alors voici quelques notes rapides sur quelques films vu au mois d'octobre...
Sicario, de Denis Villeneuve, vaut surtout pour ses trois premiers quarts d'heure, intenses et suffocants, avec en apogée une scène de tension à un péage d'autoroute extrêmement réussie. Le hic c'est que Villeneuve ne sait pas trop quel film il veut faire, et que passée cette introduction en forme de gros film de genre stylisé (le Mexique réduit à un enfer et les trafiquants à des zombies), Villeneuve semble vouloir faire deux autres films, beaucoup moins réussis : une histoire de vengeance qui échoue complètement à générer une quelconque catharsis, et un film plus acceptable pour les festivaliers, un film réaliste sur le monde qui va mal, prout prout. Une fois le resserrement du point de vue à celui de son héroïne et la perte de repères occasionnée abandonnés, c'est l'ennui.
The Visit, de M.Night Shyamalan, est vraiment un joli petit film, dans lequel ce dernier prend à contrepied les attentes de son public (venu chier dans son froc devant une énième production Jason Blum). Si Shy est limité par le dispositif du found footage, il choisit de s'en amuser, et génère une comédie étonnamment méchante par moment. Il réussit à l'intérieur de plusieurs séquences à générer une hésitation entre le rire et la peur et interroge constamment cette frontière. A ce titre, la scène hilarante où le gamin rappeur imite sa grand-mère prise d'une étrange crise de somnambulisme effrayante, est éloquente. En fait c'est à Sam Raimi qu'on pense ici, mêlant humour, peur, et dégueulasserie potache (la couche de caca!). C'était vraiment cool !
L'homme irrationnel, de Woody Allen. Qu'il est brillant ce film, une merveille de comédie noire, de rythme et d'ironie. Un film qui coule tout seul, et dans lequel Woody Allen réussit à atteindre un équilibre rare dans sa "tendre cruauté", extrêmement ironique sans jamais se livrer à un jeu de massacre cynique. Comme celui de Shyamalan, c'est un beau "petit film", par un cinéaste détendu, aux talents de narration immense.
Crimson Peak, de Guillermo Del Toro. Une créativité visuelle impressionnante, qui vaut à elle seule de jeter un œil au film, dont les apparitions fantomatiques, les machines, et ce manoir gothique transpirant le sang sont très beaux. Par contre d'un point de vue de la narration c'est très laborieux (surtout quand on vient de s'envoyer les deux films précédents), et le romantisme affiché ne vibre jamais vraiment, il semble plus là pour générer de belles images que l'inverse. C'est assez chiant au final comme film. Dommage !
Le temps nous manque n'est-ce pas ? Un mois d'Octobre en demi-teinte niveau sorties ciné pour moi.
RépondreSupprimerBonne continuation !
Je suis content de trouver une note très réservée sur Sicario qui fait la quasi unanimité critique mais que je n'ai pas beaucoup aimé. Tu es un des seuls que j'ai lu à signaler toute l'imperfection de ce film.
RépondreSupprimerJe suis aussi content de lire que Shyamalan propose à nouveau un film intéressant. J'espère le voir bientôt et l'ajouter peut-être parmi les bons films de 2015.
Merci! Pour le Shyamalan, c'est un tout petit film, mais que j'ai trouvé vraiment malin et sympathique.
SupprimerMais oui! Avec ce pitch et ce parti-pris found footage on pouvait s'attendre au pire, mais ça fonctionne très bien comme tu dis, cette articulation peur / amusement qui nous saisit et nous a tous rendu difficile, enfant, le bisou à la tata qui pique.
SupprimerCa aurait même fonctionné sans ce twist un peu anecdotique, je pense, mais bonjour le casse-tête pour la concluzione, comme disent les commentateurs sportifs transalpins.
Le twist m'a collé quelques frissons, mais je suis plutôt bon public pour les frissons. La scène où elle les poursuit sous le plancher, ou le coup du four, c'est vraiment excellent aussi!
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