Rogue One : A Star Wars Story, Gareth Edwards, 2016


Dans l'épisode IV de la saga Star Wars, la princesse Leïa, au moment de révéler le plan d'attaque pour détruire l'Etoile Noire (ou de la Mort, je sais plus) déclare solennellement : "des hommes sont morts pour nous fournir cette information".
C'est le point de départ de ce nouvel épisode réalisé par Gareth Edwards : raconter cette histoire, celle de ces oubliés. Et je trouve que c'est une très belle idée.

C'est bien de redonner du travail à Yvan Attal

Le film puise donc à la fois dans les ingrédients scénaristiques habituels de la saga : les écrits de Joseph Campbell sur le monomythe (le héros aux mille et un visages, je l'ai pas lu mais je le cite sans vergogne), mais aussi de manière plus surprenante et inédite, dans une trame de film de guerre, et notamment les récits sur la Résistance française pendant l'occupation.

C'est cette deuxième influence qui tire cet épisode vers le haut : les rebelles sont ainsi filmés non comme à l'habitude (des gentils gauchistes), mais comme ni plus ni moins, des guerriers prêts à sacrifier des vies (et pas que les leurs) pour leurs idéaux.

Forest Whitaker, chef rebelle qui se défonce à l'oxygène : j'aime

On ne peut que saluer cette ambition, même si, par manque de talent, Edwards ne parvient pas toujours à gérer ce grand écart. L'empathie pour les personnages est absolument nécessaire pour faire fonctionner le climax façon "les 7 mercenaires", et pourtant l'un d'eux(sosie d'Yvan Attal) nous est présenté assassinant froidement un innocent pour accomplir une mission, un autre pratiquant une forme de torture originale et relativement affreuse. Il aurait fallu un cinéaste plus spécialiste de l'ambigüité (Verhoeven) ou spécialiste de ces personnages antipathiques que l'on suit pourtant jusqu'au bout (Friedkin). Le traitement est superficiel et échoue donc (bien sûr) à faire d'un Star Wars un nouveau "L'armée des Ombres".

S'il échappe le plus souvent à la laideur, le film sombre dans le mauvais goût lorsqu'il utilise des avatars numérisés pour ressusciter des personnages trop vieux pour ces conneries (Carrie Fischer, morte depuis) ou morts tout court (Peter Cushing). L'impression d'assister à une cinématique de jeu vidéo, le temps de quelques plans, est assez risible, et risque de vieillir extrêmement mal. Mais vraiment.

Ceci dit, Rogue One est un honnête film de guerre plein de bonnes intentions qui, à défaut de prendre aux tripes, se suit sans déplaisir, et auquel il ne manque qu'un réalisateur plus talentueux. 

3 commentaires :

  1. Ouais, y'a un gros problème d'incarnation des personnages principaux. Je ne sais pas si c'est leur manque de charisme, leurs dialogues écrits avec le cul, mais ils ne m'ont jamais emporté avec eux, je n'ai jamais compati, ça m'a laissé froid comme un chasseur TIE oublié sur Hoth. La photo que tu as choisie pour les présenter en dit déjà long : pas de flamme, pas d'oeil qui brille, de gueule intéressante, rien. Ca pourrait être deux flics dans Julie Lescaut. Le pilote a le même problème. Quant à Whitaker que j'aime beaucoup, j'ai trouvé son surjeu risible (sa voix sérieux) et j'en avais rien à foutre de son oxygène, de son côté sombre, de sa rédemption. Les seuls qui ont un peu de classe sont les noich gardiens du temple et Mads. La direction d'acteurs, c'est pas son fort à Edwards, si?
    Bon, du coup, pas d'émotion alors que la fin aurait pu être intense, et comme il n'y a pas beaucoup de suspense non plus, ben c'est l'ennui, à part quelques scènes badass de Vador ou de Chirrut, et quelques punchlines du robot.

    L'idée du film de résistance avec des scènes de guerre, c'était pas mal, mais il manque trop de choses pour que ça fonctionne vraiment.

    (et j'y ai cru, moi, aux morts-vivants numérisés !)

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    1. "Ca pourrait être deux flics dans Julie Lescaut", hahaha!
      J'ai l'impression que le problème d'Edwards, depuis son premier film, c'est l'écart entre ses intentions louables et le résultat. Dans son premier film, Monsters, il tente un peu le même défi que Shyamalan dans Signes : resserrer les enjeux d'un film-catastrophe de monstres sur un couple en vadrouille.
      Mais finalement, des défauts d'écriture et, oui, de direction d'acteurs, rendaient le truc un peu raté. Et finalement c'est quand le film sortait de son parti-pris qu'il créait sa plus belle séquence : une scène d'amour entre monstres géants, qui laissait bouche bée.

      En entrant si vite dans le système des blockbusters hollywoodiens (Godzilla, puis ce Star Wars), ses intentions se diluent encore plus dans la foule d'intervenants : il n'a pas le poids d'un Abrams ou Jackson ou del Toro pour garder la main sur ce genre de projets, par nature impersonnels.

      Enfin bon voilà quoi. Pas forcément un mec à suivre.

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    2. Et en même temps, c'est relou parce qu'il a des petits moments de bravoure. La scène dont je parle plus haut, ou cette scène apocalyptique dans Godzilla : https://www.youtube.com/watch?v=lmZJiBZtahk

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