The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson, 2014


Pas de problème, le talent de Wes Anderson est au rendez-vous et est même poussé à son extrême: artifices et décors visibles, mouvements de caméras élégants, écriture méticuleuse des dialogues, cadrages de ouf (il s’adapte très bien au format carré 1:33), superbes gags visuels…

Il agrémente tout ça d’un énorme foisonnement narratif (on pourrait même dire une certaine boulimie), assez inhabituel chez lui, et surtout il abandonne la langueur et le spleen, cette douce déprime dans un bain chaud, pour miser sur le rythme. Ca bouge tout le temps.

Bon. Voilà. Ca c’est à peu près ce que dit tout le monde sur le film en l’encensant (et j’approuve), en le trouvant génial machin tout ça.

Mais moi je m’arrête pas là, chuis un ouf, c’est pas parce que j’ai passé un bon moment que je vais juste dire “c’est génial”. J’emmerde le consensus. Sauf sur Jeff Nichols.

Donc voilà, cette très bonne pâtisserie est tout de même un peu trop riche et sucrée, à force d’en mettre beaucoup, on frôle l’indigestion (frôle, hein), le trop-plein. Ca ne m’avait que moyennement dérangé dans Le loup de Wall Street, parce que ça servait habilement un propos. Et puis ça durait pas seulement 1h40. Je veux dire : si en 2h40, je ressens ça, c’est presque “normal”, sur 1h40 j’ai un peu l’impression de manger un gâteau à la crême, avec de la meringue, recouvert de chantilly, en sprintant.

L’autre “problème”, c’est que du coup tout est assez superficiel, et notamment les personnages, complètement désincarnés; ils se résument à une seule dimension et un chouette déguisement. On voit des acteurs avec des moustaches, quoi. C’est assez gênant car comment être ému? Heureusement il y a les deux personnages principaux, qui, eux sont très soignés et assez touchants.

En bref : une chouette comédie, très inventive, subtile, mais un peu trop riche à mon goût. Mais c’est aussi sa qualité. On s’en sort pas. Je vous conseille d’aller le voir pour pouvoir venir me contredire. Ca sera bien. 

5 commentaires :

  1. Je viens de voir mon 4iéme Wes Anderson et comme à chaque fois j'en ressors frustré. Il n'en reste pas moi que j'ai toujours envie d'aller voir ces films .... Bizarre ... Rien à voir mais çà me fait pareil avec Alex de la Iglésia.
    Donc comme d'habitude, je n'ai pas réussi à m'attacher à ces personnages lisses, automates, ces situations de répétition (toutes les scènes comiques sont basées la dessus) et ces longueurs. C'est beau, esthétique, séduisant, original, propre (trop ???) mais je trouve toujours le moyen de m'ennuyer. J'avais vu la veille son film contraire : Miami Vice.
    Sur ce, je vais me faire la vie aquatique ...

    RépondreSupprimer
  2. @doud : en fait je crois que je continue de voir ses films parce que c'est rare un cinéaste avec une telle patte visuelle. Surtout dans la comédie. En effet il y a ce côté personnages-automates (ou figurines), qui provoque un certain détachement.
    Là où je ne te suis pas c'est quand tu dis que toutes les scènes comiques sont basées sur la répétition. Il y a quand même une grande variété de registres utilisés dans ce film : le langage (tantôt châtié tantôt ultra vulgaire de Gustave), les gags très physiques (comme le jetage de chat), et un comique qui repose entièrement sur la mise en scène comme ce plan sur la grande porte de prison, avant que la caméra bouge pour nous révéler la minuscule porte par laquelle est sorti le gardien.
    M'enfin, bon, moi je trouve surtout ça surchargé (amusant que tu y trouves des longueurs, je trouve qu'on y respire pas assez),

    Tu kiffes Miami Vice? Jamais vu. Clique à droite sur "Nage Nocturne", il y a un chouette article dessus.

    RépondreSupprimer
  3. Pas vu, mais ça m'empêchera pas de donner mon avis :0
    C'est un petit plaisir sucré, un Anderson, plein d'idées sympathiques. Pour l'instant je n'ai pas retrouvé dans les Tennenbaum, ni dans Moonrise Kingdom, la drôlerie tranquille, pince-sans-rire qui m'avait emballé dans Rushmore. Pourtant les recettes semblent proches (goût du kitsch et de la symétrie, personnages impassibles mais hyperactifs et/ou déterminés,...). Bonne nouvelle, il m'en reste 7 à voir pour changer d'avis.

    Vincent poil aux dents

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Plus ça va et moins j'attends d'Anderson. Du coup je passe de bons moments. En fait aucun de ses films ne m'a véritablement marqué.
      C'est vrai que c'était cool Rushmore avec la doublette Jason Shwartzman/Bill Murray. Mais putain je me souviens même plus de quoi ça parle.

      Ca me touche assez rarement. A part le personnage de Bruce Willis dans Moonrise Kingdom.

      Supprimer

Pour laisser un commentaire sans s'inscrire nulle part, choisissez Nom/URL dans la liste déroulante.