2019, les découvertes en vrac : Frédérick Wiseman

Comme, pour des raisons très joyeuses, je ne suis que très peu allé au cinéma cette année, j'ai décidé de faire un top de mes découvertes de l'année, qu'elles soient récentes ou non. 

Parmi toutes ces découvertes listées là : https://www.vodkaster.com/listes-de-films/decouvertes-2019/1402283, voici ceux sur lesquels j'ai quelques mots à dire.

Belfast, Maine , Frederick Wiseman, 1999
Grosse découverte de mon année, ces documentaires de Wiseman. Belfast, Maine est un tour de force. Si je vous dis que Wiseman est dans une démarche presque encyclopédique, qu'il cherche à rendre compte de toutes les activités humaines dans cette ville tout à fait normale des Etats-Unis, que ça dure 4h, vous allez probablement vous barrer en courant. Et pourtant, ces suites de séquences de 4 à 5 minutes, sans voix off, entrecoupées par les inlassables va-et-vient des pickups dans les rues de la ville, produisent un effet hypnotique.

La pâtisserie selon les américains

Chaque séquence est un petit film, le jeu avec l'intellect du spectateur est permanent et maintient notre attention. Que filme-t-on ici? Qui sont ces gens? le cerveau du spectateur fonctionne, et trouve toujours récompense. Puis débute la séquence suivante, etc... Il y a quelque chose ici de reposant et stimulant à la fois. On peut même décrocher, et revenir dans le film quelques minutes plus tard, au gré du montage. Très agréable document, et en même temps, on imagine bien fournir ça à des extraterrestres voulant en savoir plus sur les humains.


Public Housing, Frederick Wiseman, 1997
Public Housing adopte une forme assez similaire. Mais il s'agit ici de filmer un quartier très pauvre de Chicago, un ghetto noir. Wiseman fouille ces lieux aux problèmes qui paraissent insolubles, à la recherche de lueurs d'espoir. Le documentaire est constamment sur cette corde raide : ne pas masquer la réalité, mais chasser toujours l'espoir, sans jamais s'abaisser à la manipulation (du spectateur, des acteurs). Le dispositif minimaliste et pudique de Wiseman génère ici beaucoup d'émotion, sans jamais forcer. 
Quelques moments merveilleux comme cette vieille dame qui trie des feuilles de chou pendant qu'un homme vient faire je ne sais plus quel travail chez elle : le temps qui semble s'écouler à des vitesses différentes pour les deux. Je retiens aussi un personnage récurrent magnifique, celui de l'élue associative locale, faisant le lien entre les habitants du quartier et les politiques de la ville (qui, d'ailleurs, resteront hors-champ : choix éloquent de Wiseman - ou preuve qu'ils n'y foutent jamais les pieds). Encore un document merveilleux, poignant, rigoureux, qui lie presque magiquement optimisme et lucidité.

Des feuilles de chou, le temps suspendu




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