Black Coal, Diao Yi Nan, 2014


Le film de Diao Yi Nan est un de ces polars qui créent un univers avec sa propre ambiance. Un univers endormi ou mort, seulement secoué épisodiquement de brusques pétarades, avant à nouveau de se rendormir.
Evidemment, le choix d'une ville enneigée est idéal pour créer cette ambiance cotonneuse, embrumée. Le cinéaste en joue de superbe manière, et notamment des contrastes de chaleur, les intérieurs sont souvent voilés par la vapeur, la buée sur les vitres. Il y a aussi cette étreinte dont la chaleur semble faire se sublimer la neige.

L'autre élément qui me paraît important dans la création de cette ambiance est la lumière. Le film en joue beaucoup et souvent au détriment du réalisme, avec souvent en arrière-plan dans la ville des lumières rouges étranges. Même les jeux de lumières plus vifs (la façade fluo d'un bar, ou les feux d'artifices), sont rendus assez blafards et éteints par la photographie.

La plupart des personnages sont des fantômes(le personnage féminin emploie le terme "mort-vivant"); des fantômes qui tournent en rond (la séquence de la patinoire, mais aussi cette ellipse sous forme de volte à la sortie d'un tunnel), et qui se suivent (qu'il s'agisse d'une filature dans le cadre de l'enquête ou de la fascination pour une femme)


Il est plaisant de voir que pour le cinéaste, l'envie de créer cette ambiance, de créer de belles séquences de cinéma, prime sur l'intrigue. Quitte à parfois perdre le spectateur dans le fil de son récit, Black Coal est un film à la beauté plastique très cohérente, et plein de très beaux moments de cinéma.


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