Que s'est-il passé sur ce film? La magie de James Gray, qui réussissait à transformer un banal triangle amoureux en une tragédie (Two Lovers), semble ici éteinte. La gravité du sujet (la triplette un peu lourde immigration, maladie, prostitution) faisait peur, et en effet Gray ne parvient pas vraiment à s'en extirper, à transcender le genre du mélo et ses clichés, un peu engoncé aussi dans la reconstitution historique.
Pourtant la finesse de mise en scène est bien là (j'applaudis la pudeur avec laquelle Gray filme les malheurs de son héroïne), tout est plutôt correct , mais ne décolle jamais. Je déplore un peu les choix de casting. Jeremy Renner, qualifié plusieurs fois de "beau gosse" dans le film, est plutôt moche avec sa gomina et sa moustache : ça en devient drôle, et Marion Cotillard parle l'anglais avec l'accent polonais - elle le fait plutôt bien, mais au prix d'efforts un peu visibles dans son jeu, comme souvent.
Beau gosse, sérieusement?
Il me semble aussi que l'écriture est beaucoup moins réussie qu'habituellement : la scène-clé est complètement ratée, elle ne fonctionne tout simplement pas (le jeu un peu outré, façon cinéma muet, de Marion Cotillard n'arrange pas les choses non plus), et elle repose sur un acte vraiment stupide d'un des personnages.
Comme d'habitude, Joaquin Phoenix parvient à élever tout ça grâce à l'intensité de son jeu, surtout sur la fin, à amener une vibration, quelque chose qui pourrait ressembler à de l'émotion. Son personnage est aussi le plus intéressant, le plus ambigu. Mais trop tard : on a regardé le destin de ces personnages de loin, sans jamais s'attribuer leurs souffrances.
C'est le principal échec du film, qui n'élève le niveau que lors d'un superbe dernier plan.
Déception, donc.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire
Pour laisser un commentaire sans s'inscrire nulle part, choisissez Nom/URL dans la liste déroulante.