The Battery, Jeremy Gardner, 2012

Is there anybody?

Les sympathiques trublions du sympathique et trublionnant blog Il a osé m'ont fait découvrir ce film. Grâce leur en soit rendue, j'ai pris une petite claquounette derrière la nuque qui m'a fait le plus grand bien.

Le Zombie. Un thème qui m'a bien intéressé un temps via Romero ou la parodie Shaun of the Dead, mais qui devient un produit bankable, un aimant à geeks. Le truc qui permet de faire avaler à ces derniers n'importe quelle connerie sous prétexte qu'il y a des grognements et des head shot. 

Et puis paf. The Battery. Le film de zomblard qui me redonne espoir, qui me rappelle tout ce que peut permettre ce genre. Selon moi, l'attitude à la fois insolente et respectueuse qu'adopte Jeremy Gardner, est précisément la bonne pour renouveler un genre éculé. Elle me fait penser à celle d'un autre débutant qui avait secoué le film de gangsters pour l'amener ailleurs, déjouant les attentes du spectateur sans pour autant le décevoir : le Tarantino de Reservoir Dogs.

Je vous mets au défi de ne pas revoir cette scène en dansant une bouteille à la main

Renouveler donc. Tout commence par l'ambiance. Le film surprend en mettant en place dès les premières scènes une ambiance éthérée et mélancolique. On est plutôt devant un road movie, suivant le vagabondage permanent de deux anciens joueurs de baseball, et insistant sur la relation entre les deux hommes. Les zombies sont bien là, mais ils sont plus utilisés pour caractériser nos deux compagnons de route, les deux hommes n'ayant pas du tout la même attitude face au danger et à la solitude.

Cette première partie, baignée de musique folk indie pourra énerver, il est vrai que Gardner n'hésite pas à étirer des moments anodins pour mieux nous faire partager le quotidien des deux héros. Personnellement je trouve qu'il tire beaucoup de belles choses de ces scènes, faisant d'un plan fixe sur deux hommes se brossant les dents une vraie belle scène, par exemple. L'humour est aussi omniprésent et fonctionne très bien.


Ce que tire Gardner du thème du Zombie, c'est l'essentiel : la nature même de la peur qu'il procure ne vient pas du danger qu'il représente en soi, mais de son inexorable avancée. Il n'est jamais fatigué, il ne se relâche jamais. De son corollaire post-apocalyptique, Gardner tire aussi une idée intéressante et rarement traitée : les deux hommes n'ayant croisé aucun être humain depuis plusieurs mois, la détresse affective/sexuelle devient un vrai problème.

Plus le film avance, et plus le cadre se resserre autour de nos deux potes : au départ ils parcourent de grands espaces puis s'enferment de plus en plus. Jusqu'à un final claustrophobe plein de tension, idée géniale et cerise sur le gâteau, qui donnera au film son meilleur plan. Un plan d'une radicalité audacieuse mais pas du tout gratuite : un vrai coup d'éclat, montrant bien comment 5 minutes peuvent sembler durer une éternité!

Et hop, la sympathique BO : 



5 commentaires :

  1. Très chouette critique pour un film qui le mérite amplement ! Je suis bien content qu'il vous ait plu ! :D

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  2. @Felix : De rien... Je m'intéresse de près à ce "Resolution" maintenant...

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  3. Merci mec ! Excellent film, ça fait effectivement plaisir de voir cette fraicheur dans le rapport au genre. Les acteurs jouent vraiment bien, les dialogues sont super naturels et guident le film vers des vérités (réalistes : ces deux mecs dans la nature, métaphysiques : c'est quoi le rapport à la réalité que l'on a bâti depuis plus de 60 ans) qui font du bien à entendre et à voir ! Même le côté clip est intéressant, parce qu'il ne recherche pas que des émotions faciles, ce sont des clichés que le réalisateur questionne tout en les employant (et sans sur-penser le truc, ce qui ferait perdre cette honnêteté). Vraiment intéressant !

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  4. Cool que ça t'ait plu! Sur le rapport à la nature, oui c'est intéressant aussi, on voit bien que le personnage du barbu se fait très bien à ce mode de vie nomade (une scène géniale où il se baigne dans une cascade en gueulant). Oui il tire des choses de ces plages de musique. Finalement de cet apparent dénuement narratif, jaillit de très belles choses, comme souvent quand on se libère de la mécanique du récit!

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  5. J'apprends aujourd'hui que le film est disponible en DVD... Bonne nouvelle

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