Le Village des Damnés, le match


Hop, pour déconner un peu, je me lance dans un petit exercice de comparaison entre deux versions d'un même film : Le Village des Damnés. La première version du film date de 1960 et est l'oeuvre de Wolf Rilla, la deuxième de John Carpenter date de 1995...  Kick-off!

Le Village des Damnés, Wolf Rilla, 1960

Dans un petit village ordinaire, un phénomène étrange se produit : tous les êtres vivants dans un périmètre précis s'évanouissent pendant quelques minutes. A leur réveil, ils semblent indemnes, mais quelques temps plus tard, plusieurs femmes se retrouvent enceintes simultanément...


La grande force du film est son scénario solide, cette idée d'enfants terrifiants est véritablement géniale, et la manière dont les évènements s'articulent est vraiment très soignée.
La mise en scène est très classique mais sa belle sobriété ne manque pas d'élégance. Avec ce sujet quand même un peu casse-gueule, Wolf Rilla s'en sort bien. Il parvient à faire l'essentiel. Tout d'abord : nous captiver. Ensuite, rendre ces charmantes têtes blondes suffisamment inquiétantes. C'est très réussi, leur regard glacial est assez impressionnant.
Enfin, la scène finale est un beau moment de mise en scène et repose sur une idée assez simple mais très efficace. C'est un peu le suspense de l'horloge de "Le train sifflera trois fois", condensé en quelques minutes.

C'est donc un film fantastique réussi, prenant et original.


Le Village des Damnés, John Carpenter, 1995

Le film de Carpenter reprend, dans ses grandes lignes, le scénario de 1960, à quelques variantes (assez foireuses) près.

Je concède ça à Carpenter : sa bande de petits péteux est encore plus énervante que celle de l'original.

Le début du film est très alléchant. Carpenter sait mettre une ambiance de trouille, et c'est très réussi ici sur les premiers plans. Il augmente vraiment la tension par rapport à l'original. Ce début de film, c'est clairement la spécialité de Carpenter : filmer un mal invisible. Il créée quelques plans géniaux comme cette ligne de voitures dans la nuit sur une musique inquiétante, ou ce travelling dans la maternité nous montrant les accouchements simultanés des femmes dans une ambiance terrible.

Le problème c'est que cette tension se fait de moins en moins forte au fur et à mesure que le film avance à partir du moment où les gamins sont là. Carpenter fait l'erreur d'aller dans la surenchère d'effets par rapport à l'original, et il se plante complètement. Un exemple : les gamins ont des yeux qui s'allument dans l'original? Bon, ben là ils s'allument de plusieurs couleurs différentes. Mais quelle idée à la con.

De manière générale le film de Carpenter est trop explicite. Une des libertés prises par rapport au scénario original (un des enfants découvrant l'empathie), se retrouve platement illustrée par des tunnels de dialogues, ne génère aucune idée de mise en scène. De la part de Carpenter, le virtuose de la narration visuelle, c'est très décevant.



A force de surenchère et de balourdise le film en devient même ridicule à certains moments. La scène de climax, si réussie dans l'original, est alourdie ici par des péripéties supplémentaires, par le surjeu de Christopher Reeves, et par des effets de bourrin.

Mon premier rendez-vous manqué avec John Carpenter, qu m'a donne mes premiers frissons devant un film, le superbe "They Live" (Invasion Los Angeles). 
Le film de 1960 remporte donc ce premier match! 

1 commentaire :

  1. Dans son autobiographie, Sanders ne s'attarde guère sur le titre. On garde un bon souvenir du vrai-faux remake, vu en salle, qui "respirait" admirablement (Carpenter demeure, avec Griffith, Ford, Mann ou Cimino, l'un des grands maîtres de l'espace américain) ; de plus, on y voit un couple attachant - Kirstie Alley/Reeve - figure très rare chez le cinéaste, davantage attiré par les individus, homme ou femme (à l'exception des "Aventures d'un homme invisible", avec le duo Daryl Hannah/Chase).

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